Préambule


« Car j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c'est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. » (1 Corinthiens 11.23-26)

Ces paroles ont été prononcées par le Christ en présence de ses disciples, le soir du dernier repas qui a précédé sa mort. Par obéissance à leur Sauveur qui a dit : « Faites ceci en mémoire de moi », tous les chrétiens, depuis les premiers temps de l'Église, célèbrent ce que l'apôtre Paul a appelé « le repas du Seigneur » (1 Corinthiens 11.20). Le livre des Actes rapporte que les nouveaux convertis

« persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières » (Actes 2.42).

Au cours des siècles et à travers le Moyen-Age, on entoura la pratique de la fraction du pain d'un cérémonial de plus en plus imposant. Du repas du Seigneur, on passa à la cérémonie de la messe. Les paroles de Jésus prononcées lors du dernier repas, firent l'objet d'une interprétation sacramentelle particulière à laquelle on donna le nom de Transsubstantiation. L'Église Catholique l'érigea en dogme au 4ème concile de Latran, en 1215.

Le Catéchisme de l'Église Catholique (édition 1992) définit ainsi ce dogme :

« Par la consécration s'opère la transsubstantiation du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ. Sous les espèces consacrées du pain et du vin, le Christ Lui-même, vivant et glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle, son Corps et son Sang, avec son âme et sa divinité. » (art. n°1413).

La question de cette interprétation particulière des paroles de Jésus donna lieu à de nombreuses discussions théologiques pendant tout le Moyen-Age. Le concile de Trente (XVI° siècle) trancha finalement de manière irréversible la question en jetant l'anathème sur quiconque ne reconnaîtrait pas le dogme de la transsubstantiation.

De nos jours, la croyance en une présence réelle dans l'hostie peut se vérifier d'une manière tangible dans toutes les églises catholiques où l'on aperçoit une petite lumière rouge à proximité du tabernacle enfermant les hosties consacrées par le prêtre.

Dans certains lieux de pèlerinage, comme à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, par exemple, l'hostie consacrée est exposée 24 heures sur 24 à l'adoration des fidèles : on appelle cela "l'adoration perpétuelle". À Lourdes, les pèlerins portent l'hostie en procession dans l'ostensoir.

À ce dogme de la transsubstantiation se rattache indirectement la question de la répartition des membres de l'Église Catholique en deux catégories : les laïcs et le clergé. En effet, les laïcs ne peuvent pas pratiquer le repas du Seigneur sans l'intervention du prêtre, puisque

« seuls les prêtres validement ordonnés peuvent présider l'Eucharistie et consacrer le pain et le vin pour qu'ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur. » (Catéchisme de l'Église Catholique, art. n°1411).

Avec son rite de consécration de l'hostie, l'office de la messe est devenu l'événement principal de la vie religieuse catholique. La table autour de laquelle on partageait autrefois le pain et le vin fraternellement est devenue l'autel, et le repas du Seigneur a pris le nom de "Saint Sacrifice de la Messe".

« En tant que sacrifice, l'Eucharistie est aussi offerte en réparation des péchés des vivants et des défunts, et pour obtenir de Dieu des bienfaits spirituels ou temporels. » (Catéchisme de l'Église Catholique, art. n°1414).

C'est la croyance (non biblique) en un Purgatoire qui a conduit l'Église Catholique à donner au repas du Seigneur le sens d'un sacrifice que l'on offrirait pour la "réparation des péchés des vivants et des défunts".

C'est pourquoi, actuellement encore, les croyants catholiques peuvent, moyennant une somme d'argent, demander à un prêtre de "dire une messe" pour un membre défunt de leur famille ou de leur connaissance.

Enfin, avec la messe télévisée, le repas du Seigneur, qui à l'origine se pratiquait dans l'intimité fraternelle des « enfants de Dieu » (Jean 1.12) - et donc réservé aux seuls convertis - est désormais donné en spectacle à tout le monde : croyants et incroyants sans distinction.

Deux mille ans après l'institution de la Cène chrétienne par Jésus-Christ, et au regard d'une telle évolution, il est tout à fait normal que l'on se pose un certain nombre de questions :

Pour répondre à ces questions, nous interrogerons la Bible, Parole vivante de Dieu. Et pour bien saisir le sens profond de la Cène chrétienne, nous reviendrons sur ce qui en est l'origine et la signification : le plan de salut offert par Dieu à l'homme.

Nous voudrions aussi montrer comment le refus d'une soumission à l'autorité souveraine de la Parole de Dieu a toujours été à l'origine des déviations et des erreurs dans l'histoire de l'Église.

Plus que jamais, à notre époque, l'homme doit se tourner vers Celui qui seul peut le sauver et lui procurer la vie éternelle : Jésus-Christ, le Fils de Dieu, Celui que la Bible appelle « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1.29), le Souverain Sacrificateur (Hébreux 9.11), le Bon Berger (Jean 10.11), le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (Apocalypse 19.16).