« Tel fut, à Cana en Galilée, le premier miracle
que fit Jésus. Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ».
Jean 2:11
L'évangéliste Jean présente le miracle de Cana (l'eau changée en vin) comme le premier signe par lequel Jésus a révélé sa gloire à ses disciples pour qu'ils croient en lui. Tout au long des quatre évangiles, nous rencontrons de nombreux récits de miracles : guérisons, exorcismes, résurrections, pêches miraculeuses, multiplications de pains, tempête apaisée, etc? jusqu'à la glorieuse résurrection de Jésus. Ces signes ont été donnés par Dieu pour amener les hommes à croire que Jésus est bien celui à qui Il a remis tout pouvoir (Matthieu 28:18), non seulement celui de sauver et racheter les hommes qui croient en Lui, mais celui de juger à la fin du monde. Les miracles font partie intégrante des évangiles, autant que les enseignements de Jésus. D'ailleurs, une part importante de cet enseignement et des discussions du Seigneur avec les Juifs a pour point de départ un de ces miracles. Les paroles n'auraient plus de sens si le miracle qui en fait le sujet n'avait pas existé.
Dans les évangiles, les miracles de Jésus sont associés à l'annonce de la Bonne Nouvelle :
« Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. Sa renommée se répandit dans toute la Syrie, et on lui amenait tous ceux qui souffraient de maladies et de douleurs de divers genres, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques ; et il les guérissait. » (Matthieu 4:23-24).
Les miracles de Jésus révèlent sa grande compassion envers les hommes qui souffrent :
« Quand il sortit de la barque, il vit une grande foule, et fut ému de compassion pour elle, et il guérit les malades » (Matthieu 14:14).
Les miracles de Jésus amènent les hommes à glorifier Dieu :
« Alors s'approcha de lui une grande foule, ayant avec elle des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés, et beaucoup d'autres malades. On les mit à ses pieds, et il les guérit ; en sorte que la foule était dans l'admiration de voir que les muets parlaient, que les estropiés étaient guéris, que les boiteux marchaient, que les aveugles voyaient ; et elle glorifiait le Dieu d'Israël » (Matthieu 15:30-31).
Les miracles ont permis aux hommes de reconnaître la nature divine de Jésus. Ainsi, le pharisien Nicodème déclara sans détour à Jésus :
« Maître, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu car personne ne peut faire les miracles que tu fais si Dieu n'est avec lui » (Jean 3:2).
Les miracles dévoilent la nature divine de Jésus, quelquefois d'une manière bien particulière, comme quand ce sont des démons eux-mêmes qui en rendent témoignage :
« Il se trouva dans leur synagogue un homme qui avait un esprit impur, et qui s'écria : Qu'y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. Jésus le menaça, disant : Tais-toi, et sors de cet homme. Et l'esprit impur sortit... » (Marc 1:23-26).
Les miracles de Jésus prouvent qu'il est bien Celui par lequel le monde a été créé et qui soutient toutes choses par sa parole puissante (Hébreux 1:2-3). C'est ce qui fait dire aux disciples en voyant leur Maître calmer la tempête :
« Quel est donc celui-ci à qui obéissent même le vent et la mer ? » (Marc 4:41)
Une autre fois, devant le prodige de la pêche miraculeuse, Pierre éprouvera un sentiment de petitesse et d'indignité devant la grandeur et la sainteté de Dieu révélée en Jésus :
« Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus, et dit : Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur. Car l'épouvante l'avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu'ils avaient faite » (Luc 5:8-9).
Les villes qui furent le théâtre de la prédication du Sauveur ont bénéficié de beaucoup de ses miracles, mais elles n'ont pas su tirer partie de ce privilège spirituel. Jésus les a condamnées pour leur endurcissement :
« Alors il se mit à faire des reproches aux villes dans lesquelles avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu'elles ne s'étaient pas repenties » (Matthieu 11:20).
Les miracles de Jésus prouvent aux hommes que le Fils de Dieu a pleins pouvoirs sur la terre pour accorder le pardon des péchés :
« Lequel est le plus aisé, de dire au paralytique : Tes péchés sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi, prends ton lit, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Je te l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. Et, à l'instant, il se leva, prit son lit, et sortit... » (Marc 2:9-12)
« Si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu vers vous » (Luc 11:20).
Les miracles de Jésus démontrent que le royaume de Dieu est venu sur terre, que Jésus est bien le Messie attendu et qu'il accomplit parfaitement les promesses que Dieu avait faites par ses prophètes :
« À l'heure même, Jésus guérit plusieurs personnes de maladies, d'infirmités, et d'esprits malins, et il rendit la vue à plusieurs aveugles. Et il leur répondit : Allez rapporter à Jean (Baptiste) ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! » (Luc 7:21-23)
Ici, Jésus cite partiellement une prophétie d'Esaïe dont voici le contexte :
« Dites à ceux qui ont le cœur troublé : Prenez courage, ne craignez point ; voici votre Dieu, la vengeance viendra, la rétribution de Dieu ; il viendra lui-même, et vous sauvera. Alors s'ouvriront les yeux des aveugles, s'ouvriront les oreilles des sourds ; alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie. Car des eaux jailliront dans le désert, et des ruisseaux dans la solitude... Il y aura là un chemin frayé, une route, qu'on appellera la voie sainte ; nul impur n'y passera ; elle sera pour eux seuls ; ceux qui la suivront, même les insensés, ne pourront s'égarer » (Esaïe 35:4-6 et 8).
Croire aux miracles de Jésus représente donc, pour leurs témoins oculaires comme pour les croyants de tous les âges, un acte de reconnaissance et de confiance envers le Christ (ou Messie) que Dieu a donné aux hommes pour leur salut.
Les miracles de Jésus sont aussi des signes de la victoire sur l'Ennemi, de la lutte victorieuse pour sauver les victimes de la maladie, de la possession, du péché et de la mort. Christ est venu pour détruire les œvres du diable :
« Les soixante-dix revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom. Jésus leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair » (Luc 10:17-18).
Toutefois, aux apôtres qui manifestaient spontanément leur joie de pouvoir dominer sur toutes les forces de l'Ennemi, le Seigneur a rappelé que le plus important, pour eux ne se trouvait pas dans le fait miraculeux :
« Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux » (Luc 10:20).
En fait, pour le croyant, n'est-ce pas cela le plus grand miracle : l'homme perdu et condamné peut être désormais sauvé et racheté par le sacrifice de Jésus-Christ ?
« Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait
la parole par les miracles qui l'accompagnaient »
Marc 16:20
Les miracles des apôtres, à côté de leur effet immédiat, ont un rôle d'authentification. Paul dit aux Corinthiens :
« Les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles » (2 Corinthiens 12:12).
Les miracles des apôtres confirment le caractère divin du message que Jésus a confié à ses envoyés :
« Comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut, qui, annoncé d'abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l'ont entendu, Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint Esprit distribués selon sa volonté » (Hébreux 2:3-4).
Les miracles des apôtres sont attribués au Seigneur :
« Paul et Barnabas restèrent cependant assez longtemps à Icône, parlant avec assurance, appuyés sur le Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce et permettait qu'il se fit par leurs mains des prodiges et des miracles » (Actes 14:3).
Le livre des Actes rapporte de nombreux récits de miracles opérés par Dieu en présence de ses serviteurs :
« Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient au milieu du peuple par les mains des apôtres » (Actes 5:12).
Au troisième chapitre du livre des Actes, nous trouvons le récit du premier miracle accompli par Pierre quelque temps après la Pentecôte. Ce texte nous fait voir comment Dieu va utiliser la guérison d'un homme boiteux de naissance pour permettre à l'apôtre d'annoncer l'Evangile au peuple accouru pour voir et, le lendemain, devant les chefs et les anciens du peuple. Relisons attentivement quelques unes des paroles prononcées ce jour là par Pierre :
« Pourquoi avez-vous les regards fixés sur nous, comme si c'était par notre propre puissance ou par notre piété que nous eussions fait marcher cet homme ? » (Actes 3:12)
« C'est par la foi en son nom (le nom de Jésus) que son nom a raffermi celui que vous voyez et connaissez ; c'est la foi en lui qui a donné à cet homme cette entière guérison, en présence de vous tous. » (Actes 3:16)
Dès le départ, Pierre veut détourner les regards de sa propre personne pour les ramener sur Jésus-Christ.
Pierre affirme avec force que la guérison du boiteux ne vient pas de lui, que sa dévotion envers Dieu, son amour pour les choses spirituelles ne sont pas à l'origine du miracle.
Pierre atteste qu'il n'y a rien d'autre en lui qu'une foi pleine et entière dans le nom de Jésus.
La foi dans le nom de Jésus nous obtient le pardon des péchés :
« Tous les prophètes rendent de lui (Jésus) le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés » (Actes 10:43).
La foi au nom de Jésus procure la vie éternelle :
« ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom » (Jean 20:31).
Le nom de Jésus-Christ prononcé par Pierre pour la guérison agit avec la même puissance que la personne elle-même du Fils de Dieu. En effet, Pierre avait dit au boiteux :
« au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche » (Actes 3:6).
Il le redira quelque temps après, en présence des chefs du peuple :
« Sachez-le tous, et que tout le peuple d'Israël le sache ! C'est par le nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité des morts, c'est par lui que cet homme se présente en pleine santé devant vous » (Actes 4:10).
Le miracle accompli par Pierre a une double utilité :
Ainsi, à partir de l'événement miraculeux de la guérison du boiteux, Dieu a pu conduire les apôtres à faire entendre la Bonne nouvelle de sa grâce, et par la même occasion, à fermer la bouche des hommes qui s'opposaient à Jésus et à ses envoyés :
« Mais, comme ils voyaient là près d'eux l'homme qui avait été guéri, ils n'avaient rien à répliquer » (Actes 4:14).
Du récit de ce premier miracle de l'histoire de l'Église, on peut retenir la leçon suivante :
Au fil des siècles, en raison de l'abandon progressif de la Parole de Dieu, de l'introduction de nouvelles croyances et du développement toujours plus important des traditions extra-bibliques, la compréhension du fait miraculeux, au sein de l'Église Catholique, se modifiera ainsi :
Les miracles accomplis par Jésus et les apôtres nous étonnent toujours. Cependant aucun ne possède le caractère étrange, insolite ou extravagant si typique des récits miraculeux rapportés dans la tradition catholique.
Le cahier édité par "Famille chrétienne", que nous avons cité au début de cette étude, énumère quelques-uns de ces phénomènes extraordinaires. On y trouve mentionnés : les lévitations (extase ascensionnelle, vol d'extase et marche extatique), les rayonnements lumineux, les effluves parfumées, l'abstinence prolongée (jusqu'à 28 ans), les crucifix qui parlent, tournent la tête, bougent les pieds, s'inclinent, saignent, projettent des rayons (p. 34 et 35).
Les cultes à la Vierge, quant à eux, bénéficient aussi de tout un ensemble de visions, miracles, prophéties, révélations et phénomènes divers (p. 36).
Les grands mystiques catholiques (sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse d'Avila et saint Jean de la Croix, par exemple) ont laissé des écrits dans lesquels ils relatent avec précision leur itinéraire spirituel et les expériences qu'ils ont vécues. Dans son livre Le chemin de la perfection, Thérèse d'Avila, carmélite espagnole (XVI° siècle), décrit ainsi ses expériences mystiques :
« Dans ces ravissements, l'âme ne semble pas animer le corps, on sent donc très vivement qu'il perd sa chaleur naturelle ; il se refroidit peu à peu, avec une douceur extrême et délectable. Ici nul moyen de résister... Lorsque je voulais résister, je me sentais soulevée par les pieds par des forces d'un telle puissance, que je ne sais à quoi les comparer, beaucoup plus impétueuses que les choses de l'esprit dont j'ai parlé... »3
Les religieuses qui vivaient avec Thérèse d'Avila furent elles-mêmes témoins de phénomènes lumineux, catalepsie, lévitations, parfums surnaturels qui accompagnaient ses extases et ses ravissements. Thérèse d'Avila a été canonisée et proclamée docteur par l'Église Catholique.
Les maîtres du mysticisme catholique en sont venus à définir tout un itinéraire spirituel par lequel l'âme croyante doit passer pour arriver à la « vraie communion avec Dieu ». Dans son livre Baptisé et rempli de l'Esprit, l'auteur Alfred Kuen décrit les étapes de cet itinéraire4 :
« 1. Grâces mystiques diverses : visions, voix, parler en langue,
écriture automatique, stigmates, lévitations, extases...
2. Nuit des sens : ces diverses grâces cessent.
3. Nuit de l'esprit : doutes, sentiment d'être abandonné de Dieu, désir de mourir...
4. Etat théopathique ou union transformante : communion avec Dieu. »
Entre cet itinéraire mystique et le chemin de la sanctification enseigné dans le Nouveau Testament, on ne trouve aucun point commun.
Entre la bizarrerie de ces phénomènes surnaturels et la glorieuse splendeur des interventions divines décrites dans la Bible, il n'y a aucune possibilité de comparaison.
À ce constat, il n'est peut-être pas inutile d'ajouter que des milliers de brahmanes, de yogis, de derviches font des expériences religieuses semblables à celles des mystiques catholiques.
L'histoire montre que tous ces "miracles" ont finalement conduit l'Église Catholique à :
Tandis que les miracles de Jésus et des apôtres ont permis aux hommes de :
« Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié ; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs » (1 Corinthiens 1:22-24).
Ainsi, tandis que les Juifs étaient en quête de signes miraculeux et que les Grecs réclamaient les systèmes philosophiques rationnels pour étayer leur foi, l'apôtre Paul, lui, prêchait la croix de Jésus, source et fondement du salut pour tout homme.
En cette fin de XX° siècle, rien n'a changé. On rencontre toujours des tempéraments religieux (comme l'étaient les Juifs du temps de Paul) qui regardent aux miracles, et des esprits rationalistes (comme les Grecs de l'Antiquité) qui n'ont confiance qu'en leurs capacités de raisonnement. Tous ont besoin de savoir que la Parole de Dieu est pleine de vie et de puissance, suffisante pour conduire l'homme perdu vers son salut :
« Car je n'ai point honte de l'Evangile : c'est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, parce qu'en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu'il est écrit : le juste vivra par la foi. » (Romains 1:16-17).
3 - Le chemin de la perfection, chapitre XX. Cité et traduit par M. Auclair dans « La parole est à Thérèse d'Avila », Ed. DESCLEE DE BROUWER, 1979.
4 - Baptisé et rempli de l'Esprit, Ed. EMMAUS, p. 17 et 18.