En août 1996, un prêtre catholique m'a offert le livre de sœur Emmanuelle « Jésus, tel que je le connais » (paru depuis peu aux Editions Flammarion). Pensant que le Seigneur avait ici quelque chose d'important à me montrer, je me suis mis sans tarder à la lecture. J'y ai trouvé le témoignage passionné d'une femme qui, à un âge où l'on songerait plutôt à ralentir ses activités, a quitté sa communauté religieuse pour aller vivre, seule, au milieu des éboueurs du Caire. Elle y a vécu dans une cabane à chèvres de six mètres carrés, avec pour tout mobilier un tabouret, quelques livres et une lampe à pétrole. « Jésus-Christ, maître en amour » : C'est peut-être ce titre qu'elle a donné au chapitre 5 de son livre qui résume le mieux le message que sœur Emmanuelle a désiré transmettre à ses lecteurs. Dans les parties autobiographiques de l'ouvrage, j'ai retrouvé, au passage, cette manière de comprendre et de vivre l'Evangile que j'avais moi-même lorsque j'étais un fervent catholique1.
Par exemple, cette fausse croyance, liée aux dogmes romains, que sœur Emmanuelle exprime ainsi :
« J'ai besoin de la Vierge Marie. Je ne me sens pas assez forte pour suivre Jésus par mes propres moyens » (p.128).
Sans doute sœur Emmanuelle n'a-t-elle pas expérimenté cette parole de l'apôtre Paul :
« En Lui, (Jésus-Christ) habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en Lui » (Colossiens 2:9-10a).
C'est pourquoi elle ne peut rendre ce témoignage :
« Je puis tout par Christ qui me fortifie » (Philippiens 4:13).
Dans le livre de sœur Emmanuelle, deux passages, en particulier, m'ont fait sursauter et m'ont véritablement indigné. Je les reproduis ici :
« L'étude des religions m'a fait connaître Bouddha, Confucius, Lao-Tseu, Mahomet, qui, eux aussi, me paraissent apporter leur part de vérité. Peu à peu je réalisai qu'il n'y a pas de vérité absolue. Plus je poussais mes recherches, plus j'avais l'impression de foncer dans les ténèbres. Comme si cela ne suffisait pas, un choc plus rude encore m'attendait sur les bancs de la faculté. Moi qui avais été élevée dans un catholicisme intransigeant, baignant encore dans le vieil adage "Hors de l'Église, point de salut", je découvris avec stupéfaction - cela semble une évidence aujourd'hui - à travers mes professeurs notamment, qu'on peut à la fois faire montre de très hautes valeurs morales, intellectuelles et spirituelles et être musulman, juif, même non-croyant » (p.89).
« Dieu et l'homme sont liés. La vigueur et la profusion des religions l'attestent et chaque culture a mis au point sa voie spécifique pour chercher Dieu. J'ai de très nombreux amis musulmans et non-chrétiens. Jamais je n'ai cherché ou ne chercherai à les convertir. Moi qui suis née catholique et qui, dans ma faiblesse, ai pu mettre à l'épreuve ma relation avec Jésus-Christ, j'estime que c'est lui qui détient la vérité absolue. Mais mon expérience à Istanbul m'a appris que je ne la possède pas, cette vérité absolue. Je possède peut-être quelques rayons de l'absolu, mais les autres religions aussi. J'avais aimé étudier le bouddhisme. Eh bien, je pense qu'il pourrait nous apporter une approche de la vérité par le dépouillement de "l'ego" qui nous ferait à tous le plus grand bien. Bouddha et Mahomet se sont présentés comme des envoyés de Dieu. Mais ni l'un ni l'autre n'est son Fils. Je le répète : le christianisme offre une voie qui, d'après moi, est la voie la plus directe pour monter vers Dieu. Les autres voies sont, sans doute, moins directes mais je les respecte » (p.93).
Je crois, contrairement à sœur Emmanuelle, qu'il existe une vérité absolue. Je l'ai trouvée dans mon Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. Je crois de tout mon cœur et de toutes mes forces à sa parole :
« Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14:6).
Les religions n'ont aucune part dans cette vérité et, non seulement elles ne peuvent pas être d'autres voies "moins directes" pour monter vers Dieu, mais elles sont de réelles impasses et nous détournent de notre Créateur. La Bible, Parole de Dieu, le proclame de la Genèse à l'Apocalypse. Les religions du monde, même avec toutes leurs apparences de piété, d'humilité, de sagesse et de bonnes œuvres ne resteront, jusqu'au jour du glorieux retour sur terre de Jésus-Christ, que des chemins de ténèbres et des lieux de captivité. Notre Seigneur Jésus, Lui, est à jamais « la véritable lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme » (Jean 1:9). Jésus est bien le seul Berger du troupeau, le seul Maître de la moisson, le seul Cep des sarments, le seul nom qui ait été donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés (Actes 4:12).
« Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jean 17:3)
Lecture terminée, j'ai trouvé, malgré tout, que le témoignage de sœur Emmanuelle présentait un grand intérêt : il exprime à haute voix ce que beaucoup de catholiques croient réellement mais n'arrivent pas toujours à formuler clairement. L'ouvrage fait ressortir cette incroyable contradiction d'hommes et de femmes qui disent consacrer leur vie entière à Jésus-Christ et sont, finalement, incapables de discerner en Lui l'unique médiateur entre Dieu et les hommes (1 Timothée 2:5) et de le confesser.
L'évangile que sœur Emmanuelle a exposé dans son livre est celui de l'amour :
« Car le Christ nous a donné un seul commandement : aimez-vous les uns les autres » (p.83).
Elle cite ici les paroles de Jésus rapportées dans l'Evangile de Jean :
« Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres » (Jean 13:34-35).
Nous savons que sœur Emmanuelle n'est pas la seule à proclamer cet "évangile" dans l'Église Catholique. À Paris, le 21 août 1997, lors des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse), le pape Jean-Paul II l'a ainsi exposé devant des milliers de jeunes :
« Par votre apostolat vous proposez à vos frères l'Evangile de la charité. Là où le témoignage de la parole est difficile ou impossible dans un monde qui ne l'accepte pas, par votre attitude vous rendez présent le Christ serviteur, car votre action est en harmonie avec Celui que vous annoncez » (La Croix, 22 août, p.13).
Selon cette perception de l'Evangile, l'Église aurait avant tout une mission de charité à accomplir dans le monde. Jésus-Christ en serait le modèle parfait : serviteur des autres, il s'est humilié jusqu'à donner sa vie par amour pour tous les hommes. En gardant les yeux fixés sur ce modèle, l'Église Catholique invite tous les hommes de bonne volonté, quelle que soit leur croyance, à s'unir pour construire un monde d'amour, de paix et de fraternité universelle.
C'est en prônant cet évangile de l'amour que depuis plus de 10 ans, les conducteurs de l'Église de Rome se sont lancés dans le dialogue interreligieux. Pour justifier cette nouvelle orientation de l'Église romaine, les docteurs catholiques recourent à une dialectique serrée où se mêlent subtilement les raisonnements humains et les allusions à l'Evangile.
Nous donnons ci-dessous un exemple de ce type d'argumentation trouvé dans la revue Géopolitique. Son auteur, le cardinal Joseph Ratzinger, essaie de démontrer ici que l'urgence du temps présent doit conduire nécessairement le christianisme au dialogue interreligieux :
« [...] Aujourd'hui se présente encore une troisième alternative,
que je voudrais appeler pragmatique ; toutes les religions devraient cesser cette
querelle interminable autour de la vérité et reconnaître leur vraie nature, leur
véritable but interne dans l'orthopraxie, dont la réalisation semble de nouveau
clairement dessinée par les défis du temps présent.
« L'orthopraxie, dira-t-on, ne peut finalement exister qu'au service de la paix,
de la justice et de la protection de la création. Les religions pourraient donc garder
chacune leurs formules, leurs formes et leurs rites, mais en les orientant à cette
juste praxis : "À leurs fruits vous les reconnaîtrez". Ainsi
pourraient-elles demeurer chacune dans leurs habitudes ; toute querelle
deviendrait superflue, et pourtant elles s'uniraient toutes ensemble, comme l'exige
le défi de l'heure. [...] Mais ce qu'il faut exiger, c'est le respect de la foi de
l'autre et la disponibilité à rechercher, dans les éléments étrangers que je
rencontre, une vérité qui me concerne et qui peut me corriger, me mener plus
loin. »
Le théologien termine sa brillante démonstration en ramenant le dialogue interreligieux à une écoute du Logos, satisfaisant par l'utilisation de ce terme, les lecteurs de l'Evangile de Jean aussi bien que les philosophes athées :
« De la sorte, l'annonce du message doit nécessairement devenir
un processus de dialogue. On ne dit pas à l'autre des choses totalement inconnues,
mais on lui découvre la profondeur cachée de ce qu'il a déjà touché dans sa foi. Et
inversement, celui qui annonce n'est pas seulement quelqu'un qui donne mais quelqu'un
qui reçoit.
« En ce sens le dialogue interreligieux devrait donner lieu à ce que Cuse a
exprimé comme souhait et espérance dans sa vision du Concile céleste : le
dialogue interreligieux devrait devenir toujours plus une écoute du Logos qui nous
montre l'unité au milieu de nos séparations et de nos contradictions. »
(Géopolitique n°58, été 1997, p.48-53).
Le cardinal Joseph Ratzinger est actuellement préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
En fait, ce que professe avec une grande simplicité sœur Emmanuelle et ce qu'annoncent dans un langage plus obscur les théologiens catholiques sont un seul et même évangile : celui de Notre Seigneur Jésus-Christ, revu et corrigé. On pourrait peut-être lui donner le nom de "New Gospel" (nouvel Evangile). En effet, ne s'agit-il pas là d'une nouvelle manière d'interpréter les écrits du Nouveau Testament qui n'est pas sans rappeler certaines aspirations du mouvement "New Age" ? (notamment dans son désir d'apporter au monde une nouvelle unité dans la diversité).
Ayant reçu dans mon cœur le pardon de Dieu et étant réconcilié avec mon Créateur par le sang de mon Sauveur Jésus-Christ, j'ai désiré à travers la présente étude rendre témoignage à la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu.
Sœur Emmanuelle nous a présenté dans son ouvrage un « Jésus tel que je le connais ». Celui que je voudrais faire découvrir à mes lecteurs serait plutôt un « Jésus tel qu'il s'est révélé à moi ». Je crois en effet que la Bible restera, jusqu'au jour de l'avènement du Christ, la seule Parole écrite pouvant conduire les hommes à la vie éternelle.
Ma réflexion suivra ce plan :
1 - Concernant cette manière de lire la Bible, voir l'Annexe 1.